Jeu missel Montessori pour les adultes ou les enfants (pour survivre au confinement)

Cet été j’ai lu un livre qui s’appelle La pédagogie religieuse de Maria Montessori. Ce livre très intéressant et rapide à lire rassemble une série de conférences données dans une école catholique anglaise liée à Maria Montessori. Pour ceux qui ne le savent pas, Maria Montessori était catholique et avait aussi développé toute une pédagogie de caté. Ce versant de sa pédagogie a été assez oublié mais demeure tout de même très intéressant.

Le livre développe une partie théorique sur les aspects spirituels à aborder en fonction de l’âge des enfants, c’est-à-dire en fonction de leur période sensible. Le concept de période sensible est central dans la pédagogie Montessori et désigne une période où l’enfant est très attiré par un sujet et disponible pour un apprentissage, l’accompagner dans cet intérêt lorsqu’il se présente permet de faciliter et potentialiser les nouvelles acquisitions. De 0 à 3 ans, le petit absorbe la religion par imprégnation, en étant simplement exposé aux lieux de prières, aux chants, aux gestes, c’est donc très important d’emmener les bébés à la messe, et de prière avec eux (en tout cas devant eux, car évidemment ils sont présents n’ont pas vraiment de rôle actif dans la prière). De 3 à 6-7 ans, l’enfant est principalement dans une rencontre sensorielle avec le monde, pour Montessori c’est un âge particulièrement capable de saisir le surnaturel, l’enfant est sans malice et ne connaît pas le péché, c’est un âge où lui parler de Dieu amour, qui donne la Grâce le jour du baptême (dont l’enfant est encore très près), et qui les aime infiniment. On peut lui parler de tout ce qu’il a fait pour leur montrer cet amour. Ensuite de 7 à 12 ans, les enfants deviennent très intéressés par les questions du bien et du mal, c’est l’âge où parler du péché et du sacrement de réconciliation, des commandement et éveiller la conscience. Enfin à l’adolescence, la pédagogie Montessori fait la part belle au scoutisme et décrit cette période comme celle de la fraternité et des hauts idéaux. A cet âge c’est la figure du Christ roi que l’on met en avant, et on aborde l’étude des doctrines ( comme la communion des saints, la Trinité, la vocation…). C’est un âge avec une sorte d’appropriation de la vie spirituelle où le jeune sera encouragé à prendre des responsabilités dans le groupe et ainsi soutenir son autonomisation. Quelques activités sont aussi proposées dans ce livre, dont une que j’ai trouvé très intéressante : un livret de messe sous forme de cartes qui reprend toute la liturgie, avec les prières qui changent et celles qui sont les même d’un dimanche à l’autre, les noms de chaque étape et les différents gestes posés. La version décrite dans le livre correspond à la messe telle qu’elle était célébrée à l’époque de Maria Montessori, et j’ai eu envie d’en faire une nouvelle version pour moi-même, correspondant au rite de notre messe contemporaine. Je me rends compte que je connais mal la liturgie et j’avais envie d’y entrer plus profondément.

J’ai trouvé le processus de préparation vraiment intéressant et instructif, et en refaisant le jeu pour écrire cet article j’ai redécouvert que j’apprends ou réapprends toujours des choses ! Je me dis d’ailleurs que ça pourrait être une bonne activité pour des personnes qui commencent à découvrir la messe, et pour les aider à rentrer dedans (moi ça m’aurait été bien utile jeune adulte quand j’ai commencé à y aller !).

J’ai fait ce jeu de cartes il y a plusieurs mois mais finalement je me dis que ça tombe bien de n’en parler que maintenant, ça nous aidera peut-être à prendre soin de notre lien avec la messe en cette période de confinement, en approfondissant son déroulement. Car dans le fond, connaissez-vous bien la messe ? J’ai lu des choses sur la liturgie au fil des années mais malgré ça je me rends compte parfois qu’un certain nombre de choses m’échappent toujours. Ce peut être la cohérence et l’ordre des prières, le sens des gestes, etc.

Vous pouvez télécharger les fichiers PDF des 40 cartes et des étiquettes associées ici : planches cartes liturgie / planches étiquettes

Voici le principe de l’activité :

• les cartes sont recto-verso
• au recto, la couleur verte représente des prières qui sont toujours les même d’une messe à l’autre, les cartes blanches des prières qui peuvent changer
• sur ces cartes, les paroles dites par le prêtre sont écrites normalement, celles dites par l’assemblée sont en italique, et celles dites tous ensemble sont en majuscules
• toujours au recto, chaque carte a un petit bandeau au bas pour indiquer la temps de la messe à laquelle elle appartient : temps du rassemblement, liturgie de la parole, liturgie eucharistique, envoi
• il y a deux séries d’étiquettes séparées :
  • les étiquettes texte avec le nom de chaque étape (kyrie, gloria, consécration, anamnèse etc…)
  • les étiquettes dessin avec des gestes pratiqués pendant la messe (une note de musique lorsque l’on chante, une croix pour un signe de croix, une bouche pour un baiser, inclinaison, se mettre à genoux, une poignée de main, les burettes, de l’eau pour le rite du lavabo, etc.), des objets utilisés (l’encensoir, l’évangile, la patène, la coupe, la ciboire etc…) ou le lieu où se déroule la liturgie (à l’ambon, à l’autel)
  • ces étiquettes peuvent décrire les gestes du prêtre, ou ceux de l’assemblée. Pour les différencier on pose en haut de la carte celles du prêtre, et en bas celles de l’assemblée ou des laïcs (qui peuvent aller à l’ambon pour une lecture ou la prière universelle)
• la correction est au verso des cartes : on y trouve l’ordre dans lequel les disposer ainsi que les étiquettes à associer

Et voici comment on joue !

Pour les adultes, on dispose les cartes face texte, on cherche à les mettre dans l’ordre puis on essaye d’associer toutes les étiquettes. Comme il y a beaucoup de cartes, on peut faire une ligne par temps de la messe. Ensuite on corrige et on analyse ce qu’on a sous les yeux : quel est le temps le plus long, où les prières changent-elles le plus entre les messes, quels gestes fait-on le plus, quelle logique voit-on dans la progression de la messe etc.

Pour les enfants, on peut commencer par faire des tas pour chaque temps de la messe et y ajouter un objet, en fonction de ce que l’on a à disposition. Pour nous, nous avons choisi : une cloche pour le rassemblement, un livre de prières pour la liturgie de la parole, une ostie et une coupe en pâte à sel (issus d’un petit set liturgique fait maison que je présenterai dans un prochain article) pour la liturgie eucharistique, et une bougie pour l’envoi. Ensuite on peut disposer les cartes avec la face correction visible, un temps de la messe à la fois, et l’enfant place les étiquettes aux bons endroits (on peut aussi remplacer les étiquettes par des objets quand on peut, et bien sûr expliquer les gestes et les faire avec l’enfant). Chez nous, pour notre petit loup qui rêve de devenir enfant de choeur, on a ajouté une petite figurine représentant un enfant de choeur qui amenait certaines étiquettes sur la carte, quand il s’agissait d’un geste effectué par un enfant de choeur. Comme il y a vraiment beaucoup de cartes pour la liturgie eucharistique, nous avons adapté l’activité à son âge en ne conservant que les cartes associées à des gestes ou à des objets.

Je pensais que ce jeu était vraiment dédié aux adultes ou aux ados (le livre Montessori le propose à partir de 9 ans), mais finalement avec un peu d’adaptation ça marche aussi très bien pour les enfants. Notre petit très motivé de bientôt 4 ans a beaucoup aimé, et ça a été un beau moment père-fils (comme il le répète souvent : son papa a été enfant de choeur alors il connait bien la messe et peut lui expliquer !).

NB : Je précise que j’ai repris des déroulés avec prières de la liturgie trouvés sur des sites de paroisses mais je n’ai pas pris le temps de faire relire par un prêtre, n’hésitez pas à me faire part d’éventuelles coquilles pour que je puisse les corriger ! Par ailleurs certains rites peuvent varier, c’est également à adapter.

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